Vers 1918, Francis Jourdain réalise ce qui est généralement considéré comme l'une de ses oeuvres maîtresses, comme la synthèse de ses principes : "les meubles interchangeables", des meubles à combinaisons multiples, qui constituent l'aboutissement de ses recherches en termes de gain d'espace et d'aménagement "à la carte" de l'habitation. Ces combinaisons, réalisées en bois naturel pitchpin ou chêne ou acajou, ciré, verni ou laqué, se composent de six éléments destinés à remplir chacun des fonctions différentes et à être utilisés séparément ou reliés les uns aux autres. Tables, lits et chaises complètent ces ensembles vendus dans sa boutique, à partir de 1919. A cette occasion, Jourdain rédige une notice, dotée de dix-huit illustrations d'intérieurs réalisables avec une unité de base, dans laquelle on pouvait lire :
"De formes sobres, de proportions harmonieuses, conçus dans un esprit de rationalisme délibérément moderne, qui tient compte des exigences de l'hygiène et du goût autant que des nécessités quotidiennes, nos meubles interchangeables répondent à tous vos besoins et à toutes les bourses, ne sont déplacés dans aucun intérieur".
Ce concept, qu'il étudiait depuis des années, lui permettait de mettre en pratique ses conceptions sociales, d'affirmer son goût pour les meubles pluri-fonctionnels et de prendre ainsi ses distances avec le mobilier "habituel", à usage spécifique, qu'il trouvait prétentieux et inutilement encombrant. En outre, à ses yeux, un lien étroit entre architecture et mobilier était une nécessité imposée par les conditions économiques contemporaines : "Les mobiliers à destination spéciale, ne sont qu'un pis-aller ; c'est là la solution simpliste, elle ne mérite pas qu'on s'y arrête".
Extrait du Portfolio FRANCIS JOURDAIN, Mobilier, Éditions Galerie Doria, Paris, 2005.
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